Sept milliards
Ce qui complique la compréhension de beaucoup de gens, c’est la nécessité qu’ils ont d’avoir une explication unique à tout.
Ils disent par exemple : « l’être humain a soif de justice » ou bien « personne ne peut vivre sans racines » ou encore « l’homme a besoin d’un dieu pour être moral », etc.
Il me semble à moi qu’au contraire, il y a autant de représentations du monde qu’il y a d’êtres humains. En 2020, nous sommes sept milliards sur la Planète, il y a donc sept milliards de dieux, sept milliards de façons d’appréhender la couleur rouge ou le goût du miel d’acacia, sept milliards de ressentis quand une injustice est commise – ou réparée –, sept milliards de conceptions de la démocratie ou du pouvoir en général, etc.
Et malgré tous nos efforts pour mettre en mots ce que nous avons au fond de nous, il est impossible à un humain de savoir ce que pense ou ressent véritablement un autre humain au fond de lui.
On utilise par conséquent des plus petits communs dénominateurs pour tenter de saisir une réalité collective qui n’est en fait que pure fiction. On crée des récits (la Nation, la République, le Parti, le Dieu unique etc.) afin d’entretenir l’illusion d’un commun des hommes… et on se désole quand le voile craque et que la réalité apparaît : on est toujours seul.
Rares sont les esprits capables d’affronter cette réalité. Les autres usent de sept milliards de stratagèmes pour nourrir le déni.