Informaticien littérateur
Camille, la compagne — occasionnelle — de Adamsberg, dans les romans de Fred Vargas, est un de mes personnages littéraires préférés. Vargas en a fait une musicienne plombière. Deux professions qui ne se marient pas a priori. Cela rappelle un peu Ragueneau, dans Cyrano de Bergerac, le rôtisseur poète.
Ces oxymores ont pour but un effet comique, je suppose. Mais ils peuvent occasionnellement se trouver dans la vraie vie. Ainsi moi, je me vois comme un informaticien littérateur. Je suis autant passionné de machines, de réseaux, de logiciels que je suis fasciné par la langue, par la pensée, par la beauté littéraire tout simplement. Dans ces deux disciplines, ces deux arts, je vois deux formes d’abstraction qui me transportent, chacune à sa façon.
Je ne sais pas s’il y a beaucoup d’informaticiens littérateurs ou d’écrivains informaticiens. Certainement, si je regarde autour de moi, j’ai l’impression d’être un exemplaire unique. Ce sentiment est assez étrange et un peu déroutant. À tel point que longtemps, j’ai essayé de choisir. Je me disais que la logique dicte que les « littéraires » ne peuvent pas être des « matheux ». Maintenant, je sais que je ne parviens pas à être uniquement l’un ou l’autre. Et cela me convient très bien.