Il n'y a plus de société


Il n’est pas possible d’avoir un projet de société tout simplement parce qu’il n’y a plus de société !

Il n’y a plus de classes sociales, que des classes marchandes. Seul l’épaisseur du compte en banque différencie maintenant le riche du pauvre. Leurs inspirations sont les mêmes : consommation de gadgets, nourriture et sexe. Il faut de moins en moins d’argent pour se former l’esprit, les livres ne coûtent presque plus rien, les bibliothèques publiques sont gratuites, internet fourmille de vidéos et de podcasts sur mille sujets. Les pauvres peuvent maintenant avoir accès au même niveau intellectuel que les riches.

Et pourtant, on voit l’inverse se produire : le riche bourgeois qui hier posait dans sa bibliothèque et envoyait son fils « faire ses humanités » se ne se distingue maintenant du pauvre que par la nouveauté de son iPhone ou la destination de son lieu de vacances. Quant à son fils, il fera la fierté paternelle non pas en sachant réciter la bible en latin tel un Julien Sorel, mais en sachant « gérer une entreprise », une tâche qui nécessite d’être plus proche intellectuellement du père Sorel que de son fils.

La seule aspiration qu’ont les pauvres, semble-t-il, c’est de s’enrichir matériellement. Comment ? Eh bien comme le font les riches depuis toujours, à savoir : « tous les coups sont permis, ne vous faites pas gauler, surtout. »

Le mot « élites » est devenu synonyme de « riches ». Plus d’élites intellectuelles, scientifiques, artistiques. Écrivains, chercheurs, peintres, cinéastes, compositeurs… toute personne dont l’ambition n’est pas l’enrichissement matériel rapide est suspect. Écris-tu un livre ? On ne te souhaitera pas d’être beaucoup lu, mais d’en vendre beaucoup d’exemplaires, ce n’est pas la même chose.

Ce constat est fait cent fois par jour depuis des années par des intellectuels aussi divers que Jean-Claude Michéa, Alain de Benoist, Marcel Gauchet, Jacques Julliard, Alain Finkielkraut, Natacha Polony, Michel Onfray etc.

Peut-être internet permettra-t-il au prochain grand dictateur totalitaire d’arriver à accomplir ce que ni les papes, ni Hitler, ni Staline ne sont parvenus à faire. Mais en attendant, on sait qu’on ne peut pas changer l’homme. Et comme il n’y a plus de société, que des individus, on ne peut pas changer la société. Alors, que faire ?

C’est ce à quoi je réfléchis en ce moment…